Conseils d’un trader professionnel – Entretien avec Julien Flot de GraphSeoBourse.fr

J’ai eu le privilège de pouvoir m’entretenir avec Julien Flot du blog GraphSeoBourse.fr ! Dans cet article, je retranscris l’échange que nous avons eu ! Vous y trouverez énormément de choses intéressantes pour ceux qui débutent mais également ceux qui tradent déjà depuis un certain temps !

Vous allez découvrir le parcours de Julien, son style de trading et ce qu’il aime trader. Nous parlerons également de la crise liée au covid-19 que l’on connait actuellement. Mais ça ne s’arrête pas là, puisque Julien nous donnera son avis sur les meilleurs courtiers en fonction de la taille de votre portefeuille et nous expliquera l’avantage du PEA par rapport au compte titre !
Enfin il donnera son meilleur conseil pour ceux qui débutent !

Et en bonus, on aura même le droit de connaitre son action préférée et la raison de ce choix !

Encore merci à lui pour le temps qu’il m’a accordé ! Je vous laisse maintenant découvrir les conseils de Julien Flot !

Julien Flot graphseo

 

Interview de Julien Flot :

Sébastien : Est-ce que tu peux te présenter et nous parler de ton expérience et de ta progression dans le domaine de la bourse ?

Julien Flot : Je suis trader pour compte propre maintenant, c’est mon activité principale depuis plusieurs années. J’ai commencé comme tout le monde en étant particulier. J’ai commencé réellement à m’y intéresser grâce à mes parents et j’ai commencé dans les années 2000 à l’époque où mon père avait des alcatels… J’ai également eu des France Telecom quand j’avais 18 ans. Mon père m’avait ouvert un PEA.

J’ai donc pu vivre le krach de 2000, mais bon, je n’avais pas, grand chose, donc je ne me faisais pas trop de soucis. Après j’ai vraiment commencé en 2002 et 2003 à lire, me documenter et regarder (ce qui est mal Open-mouthed smile) sur le forum de boursorama. Mais on va dire que c’est par là que tout le monde commence. Et de fil en aiguille, j’ai commencé à investir mes premiers salaires en 2004 – 2005. J’ai commencé mes premières pertes aussi ! J’ai commencé par perdre quasiment tout puisque c’était très spéculatif ce que je faisais à l’époque. Mais on a tendance à penser que c’est par là qu’il faut passer et c’est le plus dur. Il faudrait, quand on est débutant, éviter de se diriger vers tout ce qui est spéculatif, même si c’est ça qui attire. Et petit à petit, j’ai vraiment commencé à mettre de côté et réinvestir tous mes salaires à partir de 2008. En parallèle de ça j’avais commencé un site. L’idée de faire ça, c’était de me pousser à la discipline. J’avais déjà remarqué que je manquais beaucoup de discipline. Et donc je m’étais dis que j’allais publier mes conseils, mes avis, mes analyses directement sur internet, comme ça, je ne pouvais pas me défiler. Je publie, et je ne peux donc pas me mentir à moi-même. Je ne peux pas faire en sorte de me dire, “ah ben j’avais raison, c’est juste que j’avais pas le bon timing” ; ça en bourse, ça veut dire qu’on a tord. Mon site a évolué au cours du temps, et en parallèle, je continuais de travailler. D’ailleurs, ma performance globale c’est réalisée pendant que je travaillais. J’étais salarié dans un grand groupe mais je tradais pendant la journée puisque j’avais cette possibilité là. J’avais cette possibilité là, car j’avais un travail où à partir du moment où les objectifs étaient réalisés, on ne me demandait pas de rapporter tout ce que je faisais tout le temps.

J’ai participé au krach de 2008 puis à la crise de l’euro en 2011 – 2012. J’ai également participé à une récession en 2013 en France, alors que les marchés étaient haussiers. Ca a été ma meilleure année en terme de pourcentage (pas en valeur). Petit à petit, je me suis professionnalisé, en continuant à me passionner pour cette activité. Après toutes ces années, c’est devenu mon activité principale. Et c’est aussi rejoindre la passion de pouvoir essayer de transmettre dorénavant ainsi que de pouvoir lever le pied par rapport à tout ce que j’ai pu trader ; puisque j’ai un petit peu tradé de tout. Maintenant je suis plus tenté de faire des choses plutôt “moindre risque”. Même si dans le marché actuel, on est plutôt redevenu court terme, en attendant des configurations qui seront plus propices à du moyen-long terme.

Sébastien : Tu parlais de choses spéculatives quand tu as commencé, est-ce que tu peux nous expliquer de quoi tu parles ?

Julien Flot : Je parle de penny stocks. J’ai commencé en faisant du SRD (service règlement différé), donc avec un effet de levier. J’ai aussi fait pas mal de penny stocks à l’époque, j’ai fait des warrants, j’ai fait des turbos ; j’ai fait tout ce qui peut avoir un effet de levier. C’est tout ce qu’on fait quand on n’a pas beaucoup d’argent et qu’on pense qu’on peut gagner des cents et des milles en bourse et que du jour au lendemain ça va bien fonctionner. Donc j’ai fait un peu tout ça. Dans mon cas, ça a marché. Mais j’ai beau donner plein de conseils aux gens sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire, je me rends compte qu’on n’apprend jamais mieux que par soi-même. On a besoin de vivre les leçons pour pouvoir comprendre le mieux possible. J’ai beaucoup de personnes qui reviennent vers moi en disant qu’elles ont fait des bêtises mais que maintenant elles comprennent mieux toute la profondeur des conseils. Elles les retiennent encore mieux, ce qui leur permet de pouvoir rapidement revenir sur le devant de la scène en essayant de faire plus de ce qui marche et moins de ce qui ne marche pas.

Sébastien : C’est exactement ce qui s’est passé pour moi. J’ai lu pas mal d’ouvrages, je me suis bien documenté et toutes les erreurs à éviter que je connaissais, je les ai faites.

Julien Flot : Je pense que c’est un passage obligé

Sébastien : Comment décrirais-tu ton trading ? Qu’est-ce que tu fais concrètement ?

Julien Flot : Concrètement, maintenant, c’est mon activité principale. J’ai fait un petit peu de tout, mais je me consacre dorénavant uniquement aux actions. Je ne fais plus de trading sur indices, car j’en ai fait à une époque. Maintenant je ne fais vraiment plus que du trading sur actions. J’ai un portefeuille de ce que j’appelle “long terme”, mais actuellement je le gère de manière beaucoup plus réactive car il faut s’adapter au marché. J’ai également un portefeuille court terme, qui est celui que je partage et que j’appelle “offensif” car il va chercher des positions qui sont assez court terme. Je travaille sur des unités de temps qui, quand les marchés sont haussiers, sont du journalier, mais je vais affiner sur du 1 heure pour rentrer un peu plus dans le détail.

Actuellement, comme le marché était super baissier, les mouvements étaient très volatiles. Et là il fallait aller voir sur du 15 minutes, voire même du 5 minutes. Mais voilà, il faut s’adapter à l’environnement de marché et là c’est quand même une situation exceptionnelle. Je pense que la plupart des gens s’en sortiront très bien avec un graphique journalier, et un graphique 1h derrière pour affiner le niveau. Et pour ceux qui travaillent, moi pendant longtemps j’ai fait du trading sur graphiques hebdomadaires, appuyés avec du journalier et je faisais du swing trading. Je conservais mes positions pendant quelques semaines.

Sébastien : Ok, donc dans le passé plutôt swing trader, et actuellement trader intraday, mais en conservant tes positions sur du long terme ?

Julien Flot : En fait, je suis un pur swing trader, mais actuellement, depuis qu’on a eu le krach (et ça va rester volatile très certainement), je suis plus sur le côté intraday où je vais juste conserver quelques jours. Mais c’est vraiment un situation “court terme”.

Sébastien : Du coup, on va un peu parler de la situation actuelle. On a une chute monstrueuse depuis quelques semaines ; ça commence à remonter, qu’en penses-tu ? Quel est ton avis sur la situation ? Comment la gères-tu ?

Julien Flot : Ca dépend du profil de chacun. Je pars du principe que la plus grande leçon en bourse, c’est de se connaître soi-même, et donc de bien définir son profil. En règle générale, on croit se connaitre et on croit avoir défini son profil, mais quand il y a ce genre d’épisodes là, baissiers, comme ça s’est passé les dernières semaines sur les marchés, c’est là qu’on découvre son vrai profil et sa vraie aversion pour le risque. Et donc, dans ce marché il faut bien définir son profil, pour savoir, si on y va ou si on n’y va pas. Et clairement, pour la majorité des gens aujourd’hui, il ne faut pas y aller. Et, pourquoi il ne faut pas y aller : on est dans une tendance baissière, on a des rebonds qui sont importants, avec des capacités de faire 20 – 30 % sur des actions comme airbus, lumibird, … Donc c’est exceptionnel, mais ça, il faut avoir un petit peu de bagage derrière pour pouvoir le saisir, sinon les émotions rentrent trop en compte car la volatilité est trop forte. Il faut donc bien différencier un marché qui peut avoir des opportunités comme actuellement, et son profil à côté de ça ainsi que sa capacité à pouvoir gérer ses émotions. Car quand il y a autant de volatilité, vous vous levez le matin, vous êtes rayonnant parce que votre position est à +5 et vous partez en pause café, vous revenez et vous êtes à –5. Là en ce moment ça bouge énormément !
Donc pour moi, soit on y va car on a cette capacité de pouvoir gérer à court terme, de pouvoir suivre, avec déjà cette connaissance où on va installer des stops, avoir une stratégie en place, avec un objectif, un plan qui est défini et avec des niveaux d’allégement ou de renfort. Ca demande donc d’être assez actif et de pouvoir adapter son planning pour le trading. Je ne pense pas que ce soit pour tout le monde.

Je pense qu’il faut attendre les constructions, les congestions, c’est-à-dire, patienter jusqu’à ce que les chandeliers se mettent en place et permettent de construire des figures techniques. Et ça va permettre de créer des congestions dont les sorties permettront de rentrer avec des probabilités de succès supérieures. Il faut donc avoir la patience d’attendre (pour un profil swing trader). Actuellement, je continue de faire du très court terme, mais je pars du principe que ce n’est quand même pas pour la majorité des gens.

Il y a aussi l’aspect long terme, qu’il faut séparer en 2 :

L’aspect long terme graphique, sur lequel, actuellement, on n’a rien ; les personnes qui sont long terme graphiquement doivent accepter qu’il y a des moments dans le marché où elles sont en dehors du marché. La règle première est de ne pas perdre son capital, pour qu’une fois le retour des opportunités moindre risque (c’est-à-dire bien congestionnées, qui ont construit des figures où l’on a des probabilités de succès supérieures) on arrive avec son plein capital. Et non avec un capital qui a été entamé et qui ne permettrait pas de profiter pleinement du prochain cycle.

Il y a ensuite le second aspect long terme, qui est celui des fondamentalistes. Ce sont ceux qui vont regarder les fondamentaux des sociétés. Ils vont regarder les capitaux propres, la trésorerie, les actifs. Ceux-ci vont se dire à un moment donné, “Total à 21€, c’est pas cher”, “Unibail à 50€, c’est pas cher”. Alors, il y a toujours cet aspect de risque. Se dire que ce n’est pas cher actuellement, oui, mais si la valeur continue de se dégrader, si l’économie continue de se dégrader, cette entreprise là va continuer à perdre de la valeur. Donc ce qui ne parait pas cher aujourd’hui, peut devenir encore moins cher parce que le groupe va continuer à se dégrader au fur et à mesure du temps. Donc c’est là qu’il faut éviter ce qu’on appelle des “values traps”, c’est-à-dire qu’on analyse les données à l’instant t d’une société, mais qu’on ne se rend pas compte que celle-ci va peut-être continuer de détruire de la valeur dans les mois ou les années à venir. Par conséquent, elle n’est pas chère aujourd’hui, mais c’est parce qu’elle a une bonne raison de ne pas être chère, puisque potentiellement elle n’arrivera pas à remonter la pente lorsqu’il y a aura un rebond de l’économie. Donc au niveau des fondamentaux, c’est simple en apparence, mais il faut quand même s’y connaitre pour éviter quelques pièges. C’est comme l’analyse graphique, il faut éviter quelques pièges, car à court terme, on a parfois l’impression qu’on a des opportunités, mais quand on regarde le graphique à plus long terme, il faut pouvoir constater qu’on est dans de simples rebonds techniques. Le danger est que ces rebonds techniques, à un moment donné, se retournent à la baisse. Il faudra alors avoir la capacité réactive de pouvoir sortir des positions parce que les tendances long terme restent baissières actuellement et demanderont beaucoup de temps avant de pouvoir se retourner.

Le premier exercice important est donc bien pour moi de savoir qui on est et quels sont nos objectifs, ce qui permet de définir son profil. Moi je fais de l’analyse fondamentale et de l’analyse technique. Il y beaucoup de fondamentalistes qui vont dire “beurk, l’analyse technique” . Mais je pars du principe que la bourse est suffisamment difficile, et que c’est dommage de se passer d’outils qui peuvent nous aider.

L’analyse technique : le but n’est pas de voir l’avenir dans du marc de café, mais de gérer son risque. On a tendance à croire que l’analyse fondamentale nous dit quoi faire, et donc quoi acheter. Mais l’analyse technique va nous dire quand le faire. Donc c’est l’aspect timing qui est très important. Un fondamentaliste peut se retrouver à acheter des dossiers qui ne lui paraissent pas chers, comme Total Gabon qui est un dossier qui à 150€ n’était pas cher. Actuellement il est à 100€ et c’est encore une meilleure affaire ; et potentiellement dans quelques semaines, il sera à 80€. C’est là qu’il faut savoir rejoindre les deux, entre savoir où l’on met les pieds et savoir l’aspect timing qui est très important pour pouvoir gérer les émotions derrière. Parce qu’on a beau parfois acheter de bonnes entreprises, se convaincre qu’on a fait un bon achat, si on se prend –30% en value latente et qu’on n’a pas géré notre risque et qu’on y est allé avec des grosses positions… eh bien derrière émotionnellement, c’est dur à gérer. Et même si on a raison, il faudra que l’action regagne plus de 50% pour qu’on revienne à breakeven, c’est à dire à 0. Cela donne donc l’impression qu’on a fait une bonne affaire, alors qu’en réalité on n’a rien fait du tout.

Sébastien : Quand tu parles de ces actions, tu regardes la partie fondamentale et également la partie graphique. Est-ce que tu as une liste de quelques actions que tu trades régulièrement ? Ou alors, utilises-tu un screener qui te renvoie une liste d’opportunités graphiques ?

Julien Flot : En fait, c’est un petit peu des deux. Actuellement, comme c’est mon activité principale, je vais te dire que je connais quasiment toutes les actions des marchés Français, Belges, Amsterdam aussi, ainsi que le marché Américain. Il y a 2 “morceaux”. C’est à dire qu’il y a les screeners que j’ai développés à partir de ma stratégie. Ils vont me retourner des opportunités selon certains profils. Par exemple pour du profil court terme, ils vont me retourner des rebonds techniques. Et là je ne cherche pas à comprendre, c’est de l’analyse graphique pure. Je sais plus ou moins avec l’expérience et le temps où je mets les pieds. J’évite les sociétés qui sont trop endettées par exemple, et qui n’ont plus beaucoup de trésorerie. Parce que du jour au lendemain, on peut se prendre une grosse augmentation de capital et donc un gap baissier. Je vais également éviter les petites sociétés de style penny stock, qui se financent uniquement par des obligations convertibles où, là, on a une dilution permanente. Mais après, ces sociétés-là, on peut se dire que pour un jour ou deux, je peux tenter le rebond technique. Mais derrière il faut toujours penser à quelle est la taille de position qu’il va falloir mettre sur ce genre de valeur. Les valeurs volatiles et les valeurs spéculatives, je vais mettre beaucoup moins que sur une valeur comme airbus, évidemment. Ca parait du bon sens. Mais très souvent on trouve des débutants qui vont mettre quasiment all-in sur des actions qui sont de la pure spéculation. Alors bien sûr, quand ça marche, on double le portefeuille assez rapidement mais il suffira d’une erreur pour plomber complètement la performance et derrière on a du mal à remonter.

Donc un screener, oui, qui va me renvoyer toutes les actions qui rentrent dans ma stratégie court terme, moyen terme et long terme. Et à côté de ça j’ai des watch-list, c’est-à-dire des listes de suivi où je vais faire rentrer et sortir certaines valeurs qui m’intéressent. Je mets des alertes également. Ca c’est très important si on veut être réactif. Je mets des alertes sur des niveaux qui vont m’intéresser, les cassures de résistances ou les retours sur supports. Et à partir de là, au quotidien, j’ai une cloche qui va sonner et qui va me rappeler que j’ai ce titre que je suis, et ça me permet de ne pratiquement rien louper.

Sébastien : On va passer à une question un peu différente : quels courtiers est-ce que tu recommanderais ?

Julien Flot : Encore une fois, c’est une question de profil. Ca dépend de la taille du capital. Le nerf de la guerre, pour un investisseur, ce sont les frais et les émotions. Donc, les frais, c’est assez facile, il faut aller vers un courtier en ligne. Il ne faut pas trader au travers de sa banque qui va prendre des minimums de 8€. Il faut essayer au maximum de réduire les frais.

Soit on est un investisseur de long terme et on ne passe pas beaucoup d’ordres ; donc quelque part on se moque un peu des frais puisque ça n’aura pas un impact énorme ; on sera alors beaucoup plus intéressé par la plateforme, le service, etc…

Soit on est un investisseur de court terme et là les frais sont évidemment le nerf de la guerre. Il faudra par conséquent se diriger vers un courtier avec des frais bas. Mais attention, des frais bas induisent souvent que le service ou la plateforme ne suit pas vraiment. Là aussi, ça dépend du capital que l’on a.

Un petit capital pourra se conformer à une plateforme qui est assez rudimentaire. Quand on commence à avoir un gros capital, le conseil, c’est de commencer à splitter, et avoir plusieurs comptes. J’ai justement moi-même plusieurs comptes. Comme ça je peux utiliser les avantages de chacun sans être impacté négativement par les inconvénients.

Donc au niveau des courtiers, pour des petits comptes titres (CTO), il y a Degiro qui n’est vraiment pas cher. Ils ont les marchés américains aussi, ce qui peut être intéressant.

Quand on va avoir un capital plus important, ça peut être intéressant de conserver Degiro mais également d’ouvrir d’autres comptes. Et là, il y a Binck, BourseDirect, mais également SaxoBank, que je trouve intéressants. Il faut faire attention aux frais, qui ont souvent des minimums et qui sont au forfait. Donc suivant son capital, il faut calculer, parce que ça peut devenir cher, justement si on ne regarde pas au niveau des tranches. Il faut essayer de trouver un courtier qui fait du 0,10% en frais et qui n’est pas trop cher sur les US. Donc moi le courtier que je vais recommander, c’est le Crédit Agricole, mais le invest store intégral. Ca permet d’être dans un gros réseau de banques. On peut ouvrir un PEA et un compte titre dessus. Les frais sont à 0,10%. Il y a ProRealTime, qui est une version bridée, mais qui permet d’avoir ProRealTime gratuitement, ce qui peut aider ceux qui veulent être un peu plus sur du graphique. En plus la plateforme tient vraiment bien la route. On l’a vu. C’est lorsque les marchés ont chuté qu’on a vu ceux qui avaient investi dans leurs ressources et leur infrastructure informatique. Parce qu’il n’y a rien de pire que d’avoir un marché qui se casse la figure ou qui remonte en ligne droite, et d’avoir son courtier qui est en rade… De l’expérience qu’on a eu, on a vu que Bourse Direct était souvent en rade ; Fortuneo pareil. Ceux qui ont bien tenu la route sont Binck, Crédit Agricole et Degiro.

Il y a également une autre offre avec ProRealTime trading, mais qui actuellement ne propose qu’un compte titre et que l’on va ouvrir avec Interactive Broker. Là, l’avantage, c’est que les frais sont vraiment pas chers, on a directement la plateforme de ProRealTime non bridée. On peut passer les ordres directement sur le graphique, ce qui est très utile surtout pour les valeurs volatiles. Et derrière les frais sur les US ne sont pas chers, sauf si on commence à trader des penny stocks, puisque les frais sont calculés par rapport au nombre de titres qu’on achète. Et puisqu’on achète les penny souvent par milliers, les frais peuvent être importants. Mais si on achète des grosses capitalisations américaines, ou même des actions au delà de 2-3$, les frais restent quand même intéressants. Des fois, il y a une action qui m’intéresse, puis je regarde et je vois que les frais sont trop importants donc je laisse tomber. Mais parfois quand on spécule, même si les frais sont importants sur certaines valeurs US, tu le prends en considération dans ton analyse de risque et tu te dis que c’est un action qui pourrait potentiellement doubler, donc j’accepte de payer un peu plus de frais.

Donc clairement, pour la majorité des gens, ceux qui sortent la tête sont Binck (qui sera lié à SaxoBank) et Crédit Agricole Invest Store Integral. Je n’ai jamais été déçu et en plus, ils sont compétitifs. (Attention de bien choisir le Integral et pas le standard, car au niveau des frais, ce dernier n’est pas du tout intéressant). De plus, tout est négociable avec ces courtiers. C’est une question de capital et de nombre d’ordres que l’on passe.

Sébastien : Merci pour ce comparatif, tu parlais un peu de PEA et de Compte titre (CTO). Qu’est-ce que tu utilises, et qu’est-ce que tu recommandes ?

Julien Flot : Aujourd’hui, par ma vie fiscale, je n’ai plus droit au PEA, mais clairement, mon premier conseil, c’est le PEA. Fiscalement parlant, pour un Français aujourd’hui, c’est quand même une des dernières niches fiscales qui existent. Donc il ne faut pas hésiter, PEA-PME également. Et à côté, j’ouvrirais quand même un compte titre, car il y a parfois des titres américains qui sont intéressants, mais pas que américains ; j’investis parfois dans des titres qui sont argentins ou chinois. L’avantage c’est qu’ils sont cotés très souvent sur le NASDAQ au US. On peut donc acheter directement ces titres là sur les marchés US.

Par conséquent, cela dépend de ce que l’on veut faire, c’est toujours une question de profil. Mais majoritairement, il faut partir sur du PEA pour des raisons fiscales. En plus, à côté ouvrir au moins un compte titre et avoir des capitaux dessus, parce que s’il y a une opportunité qui se présente, on peut la saisir.

Il y a une chose importante, pour moi, sur le PEA à bien prendre en considération, c’est que très souvent les gens vont dire : “OK, le PEA c’est imposé à 17%, quand je vais le clôturer au bout de 5 ans et le compte titre est à 30%, mais la différence ne parait pas énorme”. Ce qui fait réellement la différence, c’est que le PEA, on ne va payer les impôts qu’à la clôture, alors qu’avec le compte titre, on va payer les impôts chaque année. Et donc, ça, ça fait vraiment la différence en fait. Si on comprend les intérêts composés, c’est que sur le PEA, chaque année, on peut réinvestir tous ses gains ! Alors que sur le compte titre, on peut réinvestir ses gains, amputés de 30%. Donc à performance égale, au bout de 5 ans sur le PEA, on aura bien plus, même si on doit payer les impôts à 17%, on aura acquis bien plus que ce qu’on aura acquis sur le compte titre. Il faudrait quasiment, avoir une performance qui est de 30% supérieure sur le compte titre, chaque année, pour pouvoir rivaliser avec ça ! Donc ce n’est pas qu’une question de pourcentage, c’est que sur le PEA, on réinvestit à chaque fois 100% de nos gains, année après année. Et moi, c’est ça qui m’a mis le pied à l’étrier, et qui m’a fait surdimensionner mon PEA assez rapidement derrière.

Sébastien : Je ne trade que sur CTO actuellement, mais je vais me renseigner pour le PEA !

Julien Flot : Il faut l’ouvrir au moins pour prendre acte de la date puis même si on n’a pas beaucoup d’argent, le compléter plus tard. Parce que même si tu ne commences à l’utiliser que dans 3 ans, il ne te restera plus que 2 ans à attendre.

Sébastien : Merci pour le conseil ! On va essayer que ça ne dure plus trop longtemps, donc pour terminer, quel serait ton meilleur conseil pour ceux qui voudraient démarrer en bourse.

Julien Flot : Prendre leur temps ! Prendre son temps… Ce que je vois, c’est beaucoup de personnes qui pensent faire l’affaire du siècle. Moi je pense que depuis que je suis en bourse, des opportunités d’une vie, c’est ce que je disais récemment (dans cet article sur l’arnaque de l’opportunité d’un vie). Des opportunités d’une vie, j’en ai vécu 7. En fait, il ne faut pas succomber au FOMO, qui est la peur de “louper le train”. Il y a toujours des occasions, il y a toujours des marchés. Pour moi une opportunité, ce n’est jamais d’acheter bas. Beaucoup de personnes veulent acheter le plus bas possible. Je pense que c’est une erreur, parce qu’on achète une tendance baissière. Et donc on a des probabilités que cette tendance baissière dure. Et donc, on se retrouve à ne pas avoir acheté bas au final, mais plutôt pas assez bas. L’opportunité, ce n’est jamais d’acheter bas, mais c’est toujours d’acheter haut. C’est d’acheter une configuration qui d’ores et déjà est haussière, qui est moindre risque et qui nous donne déjà une tendance haussière. Donc on se place déjà dans le sens de la tendance. Donc l’opportunité, quand on voit tous les journalistes, les politiciens, expliquer que c’était l’opportunité d’une vie d’investir en bourse actuellement, pour moi, c’est une grosse erreur ! Parce que oui, on fait un rebond. Certains titres performent à +30, +50%, mais ça reste du rebond technique qui est au prorata de la baisse qu’on a eue. On n’est absolument pas revenu dans un marché haussier actuellement. Il y a donc beaucoup de risques que la volatilité continue et qu’on continue à faire pas grand chose pendant X mois et que pendant ce temps là, on ait bloqué son argent. Ca aussi, c’est quelque chose de très important à comprendre, bloquer son argent, c’est potentiellement une perte d’opportunités.

Donc pour moi l’idée, c’est toujours la même chose : les gens doivent prendre le temps d’apprendre, de se former, ne pas se précipiter… Ne pas oublier que s’ils ont 10 000 ou 15 000€ de disponible, et qu’il veulent absolument investir, je ne vais pas me battre contre ça, comme je l’ai déjà dit, je pense que chacun doit faire ses propres expériences. Mais plutôt que de commencer plein pot avec ses 10 000 euros, eh bien, c’est de commencer avec 1000 ou 2000€, c’est-à-dire avec 10 ou 20% de ce qu’on a décider de placer et de se faire la main avec ça. On va faire beaucoup d’erreurs, que ce soit des erreurs pour comprendre comment on passe un ordre en bourse etc… , des erreurs d’émotions, de volatilité, … Et du coup on les fera avec un pécule qui est moins important et ça permet de conserver le capital. C’est ça qui est le plus important.

Le but, pendant ce temps là, est donc de toujours apprendre, toujours en réel. Y a beaucoup de personnes qui conseillent souvent d’avoir un portefeuille virtuel. Je pense que celui-ci est intéressant pour apprendre comment passer les ordres, apprendre comment sa plateforme fonctionne. Mais derrière ça ne sert strictement à rien. Parce qu’il y a une chose qu’on ne pourra jamais simuler, et s’entrainer avec, c’est la gestion de nos émotions quand on a réellement notre argent qui est en jeu. Et on n’apprend jamais mieux que quand on a notre capital qui est en jeu. Et puis ensuite, ne pas investir de l’argent dont on a besoin, que ce soit à long terme ou à court terme parce que là encore, les émotions seront intenables, ingérables. Et même si on a une bonne stratégie, on n’aura pas la discipline de la tenir. Même la meilleure stratégie du monde, sans discipline, ça ne vaut rien !

Sébastien : C’est ça, il faut gérer son entreprise et pas jouer au casino…

Julien Flot : Exactement, sinon, c’est du casino, et même si on a l’impression de savoir ce qu’on fait, on peut avoir la discipline qui fout le camp. Et même moi, ça m’arrive. Aujourd’hui, je sais exactement ce que je fais, mais il peut m’arriver, émotionnellement, quand j’ai une position qui est trop importante, qui va aller contre moi, émotionnellement, ma discipline fout le camp aussi. J’ai aussi, des pertes qui peuvent être importantes des fois, parce qu’on est tous humains et on a tous une limite. Ma limite à moi est peut-être plus importante que beaucoup d’autres gens, mais j’ai également une limite et des fois je me retrouve à moyenner à la baisse, alors qu’il ne faut pas le faire. Des fois on arrive à s’en tirer, mais la plupart du temps, on se prend une mine ! Et on a du mal à la remonter derrière.

Sébastien : Effectivement, lorsqu’on perd 50%, par la suite il faut faire une performance de 100% pour revenir à son capital de départ !

Julien Flot : Ca, c’est très important à comprendre, et je dirais que ce marché là est très important, parce qu’il y a beaucoup de personnes justement qui m’ont écrit en me disant qu’ils avaient conservé leurs positions parce qu’ils étaient long terme. Et elles sont aujourd’hui à –20, –30%, donc il va falloir que le marché remonte de 50% pour qu’ils s’y retrouvent. Alors qu’elles auraient pu essayer de vendre le plus tôt possible. Puisque même en temps que long terme, il faut se définir un plan, il faut se définir une limite à partir de laquelle on se dit “bon, ben je coupe”. Et du coup, l’avantage d’avoir coupé, c’est qu’on a des liquidités.

Il y a des titres, qui pour moi, fondamentalement, sont des opportunités. Mais si jamais à 5€ c’est une opportunité et puis que ça descend à 4,50€, je coupe. Et plus tard je le retrouve à 2€ actuellement, ce titre. Donc c’est d’autant plus une superbe opportunité. Donc, ce que je fais, à 2€, je l’achète. Il remonte à 2,50€, je le revends et j’ai déjà refait ma perte précédente, et maintenant, j’ai ce titre là que je vais observer. Je vais attendre sa consolidation, sa congestion, sa construction, et là, je vais pouvoir reprendre une position moindre risque, avec des probabilités supérieures, d’un dossier que je connais bien et que je trouve correct, à un bon prix. Et je pourrai le reprendre avec une position pleine, sans avoir handicapé mon capital pour tenter d’à nouveau atteindre les 5€ (l’action dont je parle c’est Guillemot).

On a des actions qui fondamentalement, ne sont pas chères, mais il faut savoir s’en détacher, car ça peut devenir encore moins cher et du coup, une encore meilleure opportunité. Et si jamais ça continue de baisser, eh bien, je m’en détache une nouvelle fois, et ainsi de suite.

Le marché est un bête humaine, c’est des émotions, et quand les gens paniquent, même les bons dossiers, ils les balancent. Et c’est bien de faire cette interview maintenant, parce que ça je n’ai pas besoin de l’expliquer, tout le monde le comprend maintenant…

Sébastien : En effet ça tombe plutôt bien, et encore merci d’avoir accepté ! Je n’ai plus vraiment de question, j’ai fait le tour de ce que je voulais te demander. Est-ce que tu as quelque chose d’autre à ajouter ?

Julien : Je dirais qu’investir en bourse, et après des années d’expérience, c’est jouer défensif plutôt qu’offensif. C’est-à-dire, d’abord penser “risque de perte”, combien je suis prêt à perdre sur cette position, avant de penser combien je peux potentiellement gagner. C’est ça qui est le plus important, parce que, quand on se met à perdre sur une action pour laquelle on est tombé amoureux, où on pense que ça va devenir le futur Apple ou Google, et qu’on commence à perdre –20 ou –30%, eh bien on n’arrive pas à la lâcher. Ces actions-là, elles peuvent nous amener jusqu’au fin fond. Et elles peuvent ne jamais remonter d’ailleurs. Il y a beaucoup de sociétés qui étaient des Googles en puissance et qui ont fait faillite. Donc l’idée, c’est de toujours se fixer une limite. C’est vraiment la règle. Quitte à revenir plus tard ! Beaucoup de personnes m’expliquent qu’une fois qu’ils ont vendu l’action, ils n’osent pas y revenir. L’erreur n’est jamais de vendre l’action, l’erreur n’est jamais de décider de se couper un bras, de couper la perte un moment donné… L’erreur, c’est de ne pas revenir quand on a un nouveau signal, et de redéfinir un nouveau plan. J’ai un paquet de valeurs où j’adore les fondamentaux, mais aujourd’hui je n’y suis plus, parce que j’ai accepté, justement, de couper mes pertes, en attendant d’avoir une nouvelle occasion de rentrer. Je les observe, j’attends et je patiente…

80% du job d’un trader est la patience. Attendre que tout se mette en place, que tout s’imbrique et que tout se mette en condition pour nous donner les meilleures probabilités de succès et d’avoir raison. Derrière, tout le reste, c’est de la gestion du risque. Il ne faut pas croire que j’ai raison à tous les coups ou un maximum de fois. Ce qui fait la différence, c’est ma gestion du risque ! Uniquement ça.

Sébastien : D’où ton conseil sur la patience, on sent que c’est quelque chose d’important ! Pour terminer, quel serait ton titre favori ? Si tu devais vraiment en choisir un.

Julien Flot : C’est difficile, parce que j’en ai plusieurs et que ça dépend vraiment de ce que l’on recherche. Mais clairement mon titre favori actuellement est TOTAL. Parce que ce TOTAL, aujourd’hui avec sa volatilité et celle du marché, c’est à la fois un titre avec des fondamentaux où on peut jouer le rebond des pétrolières, avec le rebond du pétrole à plus, moyen – long terme, et à la fois à court terme, on peut faire du swing trading avec. On peut également faire du court terme, c’est assez volatile. Ca dépend évidemment la taille de capital que l’on a. Je préfère avoir 3 ou 4% sûrs à faire, même s’il n’y a jamais de certitude. Mais je préfère rentrer dans une tendance où je sais que je peux faire 3-4% en entrant avec un capital important, plutôt que d’aller sur une petite valeur qui peut potentiellement gagner 40 ou 50%, comme on voit les valeurs corona actuellement. Mais je sais que par rapport à mon portefeuille, je vais pouvoir entrer 1% de mon portefeuille dessus, parce que sinon, je risque d’être trop gros par rapport à la valeur et je ne pourrais pas sortir quand je veux. Donc même si je gagne 30 ou 40%, le gain que je vais faire sera “peanuts” par rapport à gagner 3-4% sur TOTAL et sur laquelle je peux sur-pondérer ma position. Mais ça, ce sont des problèmes qu’on commence à avoir quand on a un gros portefeuille. Mais même avec un petit portefeuille, si tu vas chercher des valeurs qui ont très peu de liquidités, qui échangent 400-500 actions en valeur 5€ et que tu as un portefeuille de 10 000€, tu peux comprendre le risque de non liquidité d’un titre. Quand les marchés deviennent illiquides, tu ne peux pas sortir quand tu veux, donc ça double le risque.

Sébastien : On va terminer là, merci encore pour le temps que tu m’as consacré et surtout toutes tes réponses !

Julien Flot : Merci à toi et bon courage aux débutants. C’est important, je pense actuellement, de ne pas partir tout feu tout flamme.

Pour finir

Je remercie un fois de plus Julien pour tous les bons conseils qu’il a donnés au cours de cet entretien ! N’hésitez pas à aller faire un tour sur son blog GraphSeoBourse.fr. Dites-moi dans les commentaires si ce format d’interview vous a plu et si vous seriez intéressé par des interviews d’autres personnes.

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5 Commentaires

  1. Bonjour et merci pour cette interview.
    Un petit commentaire sur Julien:
    Pour moi Julien est un des meilleurs tradeurs français, pour preuve sont portefeuille qui est autour des 43 % en parallèle à un CAC qui perd environ 30 % (du jamais vu!!) et avec un swingtrading seulement en achat et non en CFD ce qui un pur exploit !!
    Beaucoup de personnes vendent des formations mais surtout en CFD mais ne montrent pas trop leur portefeuilles ??

    Encore merci

    cdt

    1. Bonjour, merci pour ce commentaire ! Je suis vraiment très fier d’avoir pu faire cette interview pour mon blog, comme tu dis, Julien est un excellent trader, avec beaucoup d’expérience !

  2. Top. Je suis Julien depuis 5 ans. C’est toujours un plaisir de le lire et chacune de ses interventions est enrichissante. A consommer sans modération. Merci à vous deux. Flo

    1. Merci pour ton retour ! J’avoue que je suis fier d’avoir pu proposer cette interview sur mon blog 😀

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